VOLAT Jean (°18/03/1876 - †14/10/1916)

Morts pour la France 1914-1918

Fiche identité :

◦ Jean VOLAT est né le 18 mars 1876 à La Forêt, un hameau de TREBAN (03).
◦ Il est le fils légitime de Pierre VOLAT, journalier, salarié, âgé de 35 ans, et de Marie PIGERET, journalière, âgée de 31 ans.
◦ A sa naissance, il a pour demi-frère: Jean (né en 1863), pour demi-soeur: Madeleine (née en 1867) du premier mariage de son père avec Marie CLUZEL (°1835 - †1969), et pour frère: Nicolas (né en 1874). Ensuite suivent son frère: Jean-Baptiste (né en 1878) et son frère: Nicolas (né en 1882).
◦ Sa mère Marie meurt le 26 février 1882 à la Haute Bresne commune de MEILLARD, Jean est alors âgé de 5 ans.
◦ Il est élévé par son père Pierre et Jeanne DUMONT avec qui, il s'est remarié le 29 juin 1891 à BRESNAY.

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Jean VOLAT

Conseil de révision :

◦ En 1896 à ses vingt ans révolus, comme tous les Français il se fait recenser à MONÉTAY sur ALLIER dans le mois de décembre.
◦ Le 20 janvier 1897 au plus tard, le maire a transmit les états et les notices individuelles des conscrits à la préfecture.
◦ En février 1897 a été envoyée à la mairie une décision préfectorale qui organise les séances des conseils de révision du département de l'ALLIER en accord avec les autorités militaires.
◦ En temps de paix, les conseils de révision siègent dans chaque chef-lieu de canton une fois par an, au printemps.
◦ La séance est placée sous l'autorité de préfet ou du sous préfet et des autorités militaires. Les maires sont présents et les gendarmes assurent le bon déroulement de ces opérations.
◦ Les hommes se présentent entièrement nus pour la visite, les textes précisent qu'ils doivent être propres, devant le médecin militaire. Celui-ci examine chaque conscrit et annonce à haute voix sa décision qui est alors adoptée par le conseil. Le commandant de recrutement qui assiste aux séances, note en même temps que le président les décisions du conseil de révision. À la fin de la séance, il collationne avec le président toutes les décisions qui ont été prises.
◦ Pour MONÉTAY sur ALLIER, le conseil de révision se rassemble au MONTET, avec tous les jeunes hommes de la même classe, recensés dans les communes du canton. Sur place, le préfet préside les opérations. Les maires, ceints de l'écharpe tricolore, lui présentent leurs tableaux de recensement.
◦ Le tirage au sort ne commence qu'après avoir soigneusement tout vérifié: jeunes présents ou absents, listes de recensement, bulletins avec numéro et urne !
◦ Pour les communes, il s'effectue dans l'ordre réglé par le sort. Les jeunes gens, eux, sont appelés par commune, dans l'ordre de leur inscription sur les tableaux de recensement. Il y a autant de numéros que de jeunes gens. Une fois leur identité vérifiée, ils tirent chacun un numéro dans l'urne. Jean tire le n° 120.
◦ Il apprend en effet que le Conseil de Révision le désigne Bon pour le service armé, sous le matricule de recrutement n°1044, dans la première portion de la liste. Le Conseil de Révision estime son niveau d'instruction au degré 3 (le jeune homme sait lire, écrire et compter). Son numéro de recrutement (1044) est aussitôt inscrit sur son registre, sur lequel seront notés aussi tous les détails des services accomplis jusqu'à sa libération définitive des obligations militaires.

◦ Ce registre est une feuille cartonnée où sont mentionnés son état civil, sa filiation et qualité en tant que conscrit, des renseignements sur son physique ou d'ordre médical; puis par la suite ses campagnes militaires, ses blessures, ses décorations ou condamnations, ainsi que ses adresses successives lors de son passage en tant que réserviste.
◦ La loi du 15 juillet 1889, apporte des modifications importantes:
La durée de service pour les mauvais numéros est ramenée à 3 ans et les bons numéros doivent effectuer un service court d'un an, de plus la loi supprime les exemptions dont bénéficiaient les instituteurs et les ecclésiastiques qui sont soumis à un service court d'un an. C'est ce détail qui a donné à cette loi le nom de loi des « curés sac à dos ».

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Parcours militaire

Parcours militaire :

◦ Jean VOLAT part le 13 novembre 1897 et arrive le 15 novembre 1897 au 10ème bataillon de chasseurs à pied (BCP), unité d'infanterie.
◦ Le casernement du 10ème BCP est à SAINT-DIÉ (VOSGES).

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Caserne Chérin du 10ème BCP


Insigne du 10ème BCP

◦ Après avoir effectué son service de 3 ans, le 22 septembre 1900, il est envoyé dans la disponibilité. On lui accorde son Certificat de bonne conduite.
◦ Il passe dans la réserve de l'armée active le 1er novembre 1900 dans le Bataillon de Chasseurs à pied de CHAMBÉRY.
◦ Il retourne à sa vie civile mais il doit participer à deux périodes d'exercices (elles pouvaient aller jusqu'à 28 jours chacune).

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Parcours militaire
◦ Le 22 octobre 1901 il déclare résider BRESNAY.
◦ Il se marie le mardi 28 avril 1903 à DEUX-CHAISES avec Marie-Louise LACROIX (°1885-), la fille légitime de Jean LACROIX et de Victorine GAUME, lui a 27 ans et elle en a 17.
◦ Il réalise sa première période d'exercice dans le 13ème RI du 29 août au 20 septembre 1903.
◦ Sa seconde période d'exercice dans le 13ème RI du 20 août au 16 septembre 1906.
◦ Ils habitent ensemble à DEUX-CHAISES au Bouchet où ils ont un enfant unique: Emile né le 26 mars 1907.
◦ Puis il déclare résider à MONÉTAY sur ALLIER à Montigny, le 4 septembre 1910.
◦ Il passe dans l'armée territoriale le 1er octobre 1910 dans le 98ème régiment territorial d'infanterie pour 5 ans.
◦ Il réalise sa période d'exercice du 10 au 15 juin 1912.

Guerre 14-18 :

1914 … Août …
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◦ Le samedi 1er août vers 16h, les cloches commencent à sonner le tocsin; un tocsin qui hélas, ressemble étrangement au glas des morts. Au loin dans les champs, les hommes, interdits, l'entendent et s'arrêtent un instant de travailler. Ils ont compris et sans mot dire, reprennent leur rude besogne, car il ne faut pas que cette belle moisson soit perdue. Qui donc pourra la terminer puisque demain, après demain, ils ne seront plus là ?
........Les cloches résonnent encore quand la cloche du garde-champêtre porte la fatale nouvelle dans toutes les rues du village. Les employés de la mairie placardent les ordres de mobilisation générale et de réquisition frappés des deux drapeaux croisés.
........Partout, sur les portes des granges, sur les pignons des maisons, sur les murs des fermes. Il est impossible de ne pas connaître la nouvelle. Une grande affiche : c'est l'ordre de mobilisation générale des armées de terre et de mer qui précise que le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août et une autre affiche plus petite est l'ordre de réquisition des chevaux et des mulets.
........« Mais la mobilisation ne signifie tout de même pas la guerre, comme le dit une proclamation officielle. On va moucher les Prussiens en trois coups de cuiller à pot, vous allez voir. Tous les gens le croient. On aura tôt fait d'infliger une bonne leçon à cet épouvantail de Guillaume ; on aura tôt fait de lui couper les moustaches. Après cette juste revanche, on reviendra gentiment au village » (1).

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Parcours militaire

◦ Jean VOLAT sait qu'il doit se préparer à partir pour rejoindre son corps.
◦ Le 7 août 1914, il arrive au 5ème Bataillon de Chasseurs Alpins à la caserne Marion à REMIREMONT (VOSGES) sous les ordres du commandant JACQUEMOT. A cette époque, le bataillon fait parti de la 81ème brigade d'infanterie, 41ème division d'infanterie, 7ème corps d'armée. Elle est constituée de six compagnies et une section de mitrailleuses.
Sur son registre de matricule, il est noté que 7 août 15 novembre il est en campagne simple contre l'Allemagne, puis passe en campagne double jusqu'à son décès.
Expressions utilisées pour la détermination du temps de service armé selon la nature de l'exposition au risque (arrière ou front).
Ce décompte servait notamment pour la liquidation des droits à pension.
En campagne simple, le temps réel passé était normalement compté.
En campagne double, le temps réel passé était multiplié par 2.
Le 6 novembre 1914, il rejoint le 45ème Bataillon de Chasseurs à Pieds dans la 7ème compagnie, 121ème division d'infanterie, 7ème corps d'armée. Ce bataillon est une unité de chasseur de réserve de l'armée française, issu du 5ème bataillon de chasseurs à pied créée en 1914.

Tout en interdisant aux allemands l'accès de Verdun et en résistant victorieusement à leurs assauts furieux, le Commandement français préparait silencieusement, en Picardie et sur la Somme, une bataille savante où devaient triompher l'intelligence et l'héroïsme français et la ténacité et l'ardeur britanniques. Au moment où, après avoir, pendant des semaines usé ses meilleurs troupes sans résultat, le Commandement allemand se disposait à ralentir sa poussée, une offensive franco-anglaise se déclarait sur la Somme et l'ennemi devait nous céder le terrain. Dès lors, l'initiative des opérations lui échappait, il devait accepté la bataille telle que nous la voulions. Une ère de victoire s'ouvrait pour nous.

Historique du 45ème BCP
dont extraits :
:
GÉNERMONT 14 Octobre 1916
La parallèle de départ est occupée à droite par la 8ème compagnie, à gauche par la 9ème compagnie. La 7ème compagnie en réserve dans la tranchée des Bavarois où est installé le P.C.20. Le 13, ces positions sont améliorées, la préparation d'artillerie augmente d'heure en heure d'intensité. L'ennemi riposte coup pour coup. L'ordre d'attaque est donné pour le 14 à 13h.30. Les objectifs de la 121èmeD. I. sont les suivants : Tranchée de la sucrerie - GÉNERMONT - Bois de Fresnes - Tranchée du Santerre. Liaison à l'Ouest avec le 21ème C. A. qui doit attaquer la sucrerie, et à gauche avec une D. I. coloniale qui doit s'emparer des « Annamites ». Le Bataillon prend position dans la parallèle à 10 heures. Le chef de bataillon s'y porte à hauteur de la route de la sucrerie de BERNY. A 13 heures 30, il partait à l'assaut. Le départ avait lieu un peu avant l'heure fixée, déclenché par l'élan prématuré de la gauche.

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Parcours militaire

Au bout de quelques mètres les vagues furent arrêtées par notre propre barrage. Elles ralentirent l'allure et le suivirent pas à pas. La tranchée des Pistes fut traversée d'un bond. La tranchée de Damoclès était introuvable au milieu des trous d'obus. La tranchée de la Sucrerie tenait encore. Elle formait un îlot de résistance coupé en deux par un groupe d'une dizaine de chasseurs qui se battaient bravement. Le nettoyage fut fait par un peloton de la compagnie de réserve. A 22 heures, la tranchée était à nous, et nous prenions 18 prisonniers. A 3 heures du matin, en liaison avec le 20ème B. C. P., nous poussions jusqu'à la route.
A la sortie de GÉNERMONT, de grands abris contenaient de nombreux Allemands. Ils se rendent à la première grenade. Plus loin, le talus parallèle à la route et distant de celle-ci d'une centaine de mètres renfermait également de nombreux abris. L'ennemi cherche à se défendre. A peine sorti des abris, nos tireurs l'obligent à y rentrer jusqu'à ce que nos grenadiers viennent les cueillir. La moisson fut abondante : le commandant de la compagnie de gauche, sous lieutenant OLEN (après que le capitaine BOULLAY et le sous lieutenant BERGER furent tombés), estime à plus de deux cents le nombre des prisonniers faits par son unité. Le lendemain soir, sans difficulté nous occupions les objectifs les plus éloignés. Des mitrailleuses, des lance-bombes, des fusils en nombre incalculable, des munitions, plus de trois cents prisonniers tombent entre nos mains. Les actes de bravoure individuels furent nombreux. Le clairon GOGUET passe près d'un blockhaus bétonné. Il voit par les créneaux les servants d'une mitrailleuse qui s'efforcent de mettre en batterie. Il ne leur en laisse pas le temps, deux grenades par le créneau et tout est bouleversé. Il pénètre dans l'abri, tue les servants, s'empare de la mitrailleuse. Le sergent VION DURY s'approche d'un abri où de nombreux Allemands s'étaient réfugiés avec une mitrailleuse.
Un officier allemand défend l'entrée et décharge sur lui son revolver sans l'atteindre. Une grenade abat l'officier et provoque l'explosion d'un tas de grenades. On pénètre dans l'abri et VION DURY, aidé de quelques hommes, s'empare de 16 prisonniers plus ou moins blessés. Le caporal DAILLY, téléphoniste, veut installer un poste dans la tranchée conquise. Il est surpris par un groupe d'Allemands. Il en tue deux à coups de revolver. Les autres s'enfuient. Il accomplit sa mission. Le caporal GINDRE, mitrailleur, installe sa pièce dans un trou d'obus, à courte distance de la tranchée ennemie. Son officier est blessé, son sergent tué, trois de ses hommes tombent. Il reste seul des heures entières, foudroyant tout Allemand qui apparaît hors de la tranchée encore occupée. Le brancardier FAURE avec une dizaine d'hommes se trouve entouré d'Allemands. Il divise son groupe en deux parties qui à droite et à gauche s'efforcent de se donner de l'air. Il parvient à rejoindre la 9ème compagnie. Les Allemands pris entre lui et cette unité s'étaient rendus. L'élan et le sang-froid de tous a été remarquable, l'aviateur qui survolait nos lignes l'a signalé. Ce que nous devons dire, c'est que l'audace et le courage de cet aviateur ont provoqué des ovations dans la vague d'assaut. Il survolait celle-ci à une très faible hauteur, 30 mètres à peine, décrivant des huit vertigineux. Il semblait nous montrer le chemin, et ce spectacle sensationnel a décuplé l'ardeur et l'enthousiasme des troupes d'attaque.
Dans la nuit du 15 au 16, nous enterrons nos morts. Un petit cimetière à l'Ouest de la route de BERNY-Sucrerie a été improvisé. C'est là que dorment de leur dernier sommeil nos braves camarades auxquels nous devons ce succès. Nos pertes étaient lourdes : 4 officiers : BERGER, VAN DOREN, CARTIER, BLANCHARD. 30 chasseurs avaient été tués. Il fallait ajouter 71 blessés dont 4 officiers.

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Perte du 14/10/16 du J.M.O
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Mort pour la France
le 14 octobre 1916 à GÉNERMONT
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Décorations, citations :

Citation:

Cité à l'ordre du bataillon n°210 du 21 octobre 1916

« Chasseur ayant toujours fait preuve de courage et d'entrain, a sombré glorieusement, en se portant à l'assaut des positions ennemies. »

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Citation

Décoration

Croix de guerre - Etoile de bronze

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Avers
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Revers

Sources:

Nota (1): texte extrait et inspiré par le livre '' Ils sont partis en chantant '' de Gérard Boutet.
Archives départementales de l'ALLIER
J.M.O du 45ème B.C.P du site https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
https://forum.pages14-18.com/viewtopic.php?t=17422
Données généalogiques personnelles